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CONTES ORIENTAUX

et parurent fort curieuses d’entendre cette nouvelle histoire. Sutlumemé la commença dans ces termes, aussitôt que Farrukhnaz lui en eut accordé la permission.

HISTOIRE DU PRINCE CALAF ET DE LA PRINCESSE DE LA CHINE.

« Après avoir entendu l’histoire de Couloufe, vous allez entendre celle du prince Calaf, fils d’un ancien kan des Tartares-Nogaïs. L’histoire de son siècle en fait une glorieuse mention : elle dit qu’il surpassait tous les princes de son temps en bonne mine, en esprit et en valeur ; qu’il était aussi savant que les plus grands docteurs ; qu’il percevait le sens mystique des commentaires de l’Alcoran, et savait par cœur les sentences de Mahomet ; enfin elle l’appelle le héros de l’Asie et le phénix de l’Orient.

En effet, ce prince, dès l’âge de dix-huit ans, n’avait peut-être pas son semblable dans le monde : il était l’âme des conseils de Timurtasch, son père. S’il ouvrait un avis, les ministres les plus consommés l’approuvaient et ne pouvaient assez admirer sa prudence et sa sagesse. Outre cela, s’il s’agissait de faire la guerre, on le voyait à la tête des troupes de l’État, aller chercher l’ennemi, le combattre et le vaincre. Il avait déjà remporté plusieurs victoires, et les Nogaïs s’étaient rendus si redoutables par leurs heureux succès, que les nations voisines n’osaient se brouiller avec eux. Les affaires du kan son père étaient dans cette disposition, lorsqu’il vint à sa cour un ambassadeur