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LES MILLE ET UN JOURS

XXXI

Dès qu’il fut arrivé au palais, les officiers du roi vinrent le recevoir et le conduisirent jusqu’à la porte de la salle où ce prince avait coutume de donner audience aux ambassadeurs. Là, le grand vizir le prit par la main et l’introduisit dans la salle, où le roi, revêtu d’habits couverts de diamants, de rubis et d’émeraudes, était assis sur un trône d’ivoire, autour duquel étaient debout tous les grands seigneurs de Tartarie. Couloufe fut ébloui de l’éclat qui environnait Usbec-Kan ; et au lieu d’élever ses regards jusqu’à ce prince, il baissa les yeux et alla se prosterner au pied du trône.

Le roi le voyant dans cet état, lui dit : « Fils de Massaoud, on m’a dit qu’il t’est arrivé des aventures singulières : je souhaite que tu me les racontes, et que tu me parles sans déguisement. » Couloufe frappé du son de la voix qui lui adressait ces paroles, leva les yeux, et, reconnaissant dans le roi le même homme qui l’était venu voir, qu’il avait pris pour un officier d’Usbec-Kan ; et à qui il avait confié tous ses secrets, il se jeta la face contre terre et se mit à pleurer. Le vizir le releva et lui dit : « Ne craignez rien, jeune homme, approchez-vous du roi et baisez le bas de sa robe. » Le fils d’Abdallah, tremblant, éperdu, s’avança jusqu’au pied du roi, et après lui avoir baisé la robe, recula quelques pas et se tint debout la tête baissée sur sa poitrine. Mais Usbec-Kan ne le laissa pas longtemps dans cette situation ; ce prince descendit de son