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CONTES ORIENTAUX

paroles, il en ajouta d’autres encore pour dissiper la crainte dont les deux époux paraissaient agités. Ensuite il leur dit adieu, en leur souhaitant toutes sortes de prospérités.

Quand Couloufe et Dilara furent seuls, ils commencèrent à s’entretenir de leur fuite et à s’y préparer. Ils attendaient la nuit avec beaucoup d’impatience ; mais avant qu’elle arrivât, ils entendirent un grand bruit, et virent tout à coup paraître dans la cour du caravansérail plusieurs gardes à cheval. À cette vue les deux époux furent saisi d’effroi, et crurent que c’était le cadi qui venait chercher le fils d’Abdallah, pour le faire mourir. Ils perdirent bientôt cette frayeur : c’étaient des gardes du roi. Le capitaine qui les conduisait descendit de cheval, et chargé d’un paquet, entra dans la chambre où était Couloufe avec sa femme. Il les salua l’un et l’autre d’un air respectueux, et s’adressant au mari : « Seigneur, lui dit-il, je viens ici de la part du grand Usbec-Kan ; il veut voir le fils de Massaoud ; il a su votre aventure, il souhaite que vous la lui racontiez vous-même, et il vous envoie cette robe d’honneur pour vous mettre en état de paraître devant lui. » Le fils d’Abdallah se serait fort bien passé d’aller satisfaire la curiosité du roi : cependant il fallut obéir. Il se revêtit de la robe d’honneur et sortit avec le capitaine des gardes, qui lui montrant une mule qui avait une selle et une bride d’or, enrichies de pierreries, et dont un page magnifiquement vêtu tenait l’étrier, lui dit : « Montez sur cette mule royale, et je vais vous conduire au palais. » Couloufe s’approcha de la mule, le page baissa l’étrier et le lui présenta ; en même temps ; le hulla y mit le pied, sauta légèrement en selle, et se rendit au palais avec les gardes.