Page:Les Mille et Un Jours, trad. Pétis de la Croix, 1919.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
118
LES MILLE ET UN JOURS

venaient de Cogende. Alors le capitaine Gioher lui dit : « Mon seigneur, mon maître, ayez, s’il vous plaît, la bonté d’ordonner qu’on décharge les chameaux et qu’on mette les ballots dans quelque grande salle. — Que diable signifie tout ceci ? dit Couloufe en lui-même. J’ai bien vu arriver des aventures surprenantes ; mais par Aly ! celle-ci les surpasse toutes. Ce capitaine Gioher m’a abordé comme s’il me connaissait parfaitement. Le cadi et Mouzaffer semblent donner dans ces apparences. Hé bien ! quoique tout cela passe ma pénétration, ne laissons pas d’en profiter. La fortune sans doute veut me sauver par un de ses coups capricieux, ou le ciel a voulu faire un miracle en ma faveur. »

XXX

Quelque étonné que fût Couloufe de ce merveilleux événement, il eut la force de cacher sa surprise. Il fit mettre les ballots dans une salle et ordonna qu’on eût soin des chameaux. Il eut même l’assurance de faire des questions au chamelier. « Gioher, lui dit-il, apprends-moi des nouvelles de toute ma famille ; n’ai-je pas quelque cousin ou quelque cousine malade à Cogende ? — Non, seigneur, répondit Gioher, tous vos parents, grâces à Dieu, sont en parfaite santé, à la réserve de votre père, qui compte les moments de votre absence, et qui m’a chargé de vous dire qu’il souhaiterait fort que vous vous en retournassiez promptement à Cogende avec la dame que vous avez épousée. »