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CONTES ORIENTAUX

conviens qu’elle est à vous et je vous l’abandonne, à condition que, s’il vous prend fantaisie de la répudier bientôt et de la vouloir reprendre, vous me choisirez aussi pour hulla. » Couloufe ne savait que penser de tout ce qu’il entendait : il crut que Taher et le cadi le raillaient, et qu’ils allaient lui parler d’un autre ton, lorsqu’une manière d’esclave qui arriva, lui baisa la main et dit en lui présentant une lettre : « Seigneur, votre père et votre mère se portent bien ; ils souhaitent passionnément de vous revoir ; leurs yeux et leurs oreilles sont sur le chemin. »

Couloufe rougit à ces paroles, et ne sachant ce qu’il devait répondre, il prit la lettre, l’ouvrit et y trouva ces mots :

« Louanges à Dieu seul, et ses bénédictions soient répandues sur son grand Prophète, sur sa famille et ses amis. Mon cher fils, depuis que tu n’es plus devant mes yeux, je n’ai point de repos. Je suis sur les épines de l’inquiétude ; le poison de ton absence s’est emparé de mon cœur, et consume peu à peu ma vie. J’ai appris par le courrier que m’a envoyé le seigneur Mouzaffer, l’aventure qui t’est arrivée. Aussitôt j’ai fait charger quarante chameaux noirs aux yeux ronds de plusieurs sortes de marchandises que je t’envoie à Samarcande, sous la conduite de Gioher, capitaine de mes charrois. Mande-moi au plus tôt l’état où tu es, afin que notre cœur se console et reprenne la joie et le salut.

Massaoud. »

À peine le fils d’Abdallah eut-il lu cette lettre, qu’il vit entrer dans sa cour les quarante chameaux qui