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LES MILLE ET UN JOURS

« Il faut avouer, dit alors la fille de Boyruc, qu’il y a dans le monde une espèce de gens assez particulière. Ils viennent vous offrir leurs services : si vous leur paraissez affligé, ils vous pressent de leur raconter vos peines, en vous promettant de les soulager ; et lorsque par leurs compliments importuns ils vous ont contraint de satisfaire leur curiosité, toute la consolation qu’ils vous donnent, c’est de vous exhorter à prendre patience. Qui n’eût pas cru, en voyant cet homme-ci entrer avec tant de chaleur dans nos intérêts, qu’il avait dessein de nous être utile et de faire au moins tous ses efforts pour nous servir ? Cependant, après avoir écouté le récit de nos aventures, il nous quitte et nous abandonne à la Providence. — Madame, dit le fils d’Abdallah, que voulez-vous qu’il fasse pour nous ? rendons-lui plus de justice ; il a trop l’air d’un honnête homme, pour pouvoir être soupçonné de ne m’avoir arraché que par curiosité la confidence de mes malheurs. Non, non, il était disposé à nous faire plaisir ; je m’en fie à la pitié généreuse qu’il nous a marquée, et qui a paru jusque dans son silence ; mais quand il a vu le mal sans remède, pouvait-il nous dire autre chose que ce qu’il nous a dit ? Et de qui pouvons-nous, en effet, recevoir du secours ? Le ciel seul est capable de me délivrer du péril où je suis. »