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CONTES ORIENTAUX

il ne répudiera pas la dame ; mais je jure par la pierre noire du sacré temple de la Mecque et par le saint bosquet de Médine, où est le tombeau du prophète, que s’il nous trompe, un supplice cruel et ignominieux punira l’imposteur et terminera le cours de sa vie. »

XXVII

Cette affaire ainsi décidée par le cadi, les parties se retirèrent. Mouzaffer et son fils firent partir pour Cogende un de leurs domestiques, avec ordre de s’informer parfaitement de ce qu’ils voulaient savoir, et de faire toute la diligence possible. Pour Couloufe, il alla promptement rendre compte à la dame de tout ce qui s’était passé chez le juge. Elle en eut beaucoup de joie : « Ah ! cher époux, dit-elle, tout va bien. Nous ne devons plus rien appréhender. Avant même que le courrier soit revenu de Cogende, avant même qu’il y soit arrivé, nous prendrons tous deux la fuite ; nous sortirons une nuit de Samarcande, nous nous rendrons à Bokhara le plus tôt possible, et nous y vivrons de ma dot dans un repos que nos ennemis ne pourront troubler. »

Couloufe approuva la pensée de Dilara. Ils résolurent de se sauver ; mais ils étaient trop observés dans la maison où ils demeuraient pour pouvoir impunément exécuter leur dessein ; ils jugèrent qu’ils devaient aller loger ailleurs, qu’il fallait le déclaier à