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LES MILLE ET UN JOURS

que je vais vous donner. Demain, lorsque vous serez devant le cadi, ne manquez pas de dire que vous êtes le fils de Massaoud. C’est un marchand de Cogende qui a des richesses immenses. Vous n’avez qu’à soutenir que c’est votre père. Avancez même hardiment que vous en recevrez bientôt des nouvelles qui feront connaître à tout le monde que vous ne dites rien qui ne soit très véritable. »

XXVI

Couloufe promit à Dilara d’employer ce mensonge pour éviter, s’il était possible, les maux qu’on lui préparaît ; et l’espérance qu’ils conçurent tous deux que par ce moyen ils obligeraient le cadi à les laisser vivre ensemble, les rendit plus tranquilles. Ils cédèrent insensiblement l’un et l’autre à leur penchant, et détournant leur pensée des peines de l’avenir, ils s’abandonnèrent au plaisir présent.

Ils passèrent le reste de la journée et toute la nuit comme deux époux charmés de leur sort ; mais aussitôt qu’il fit jour, on vint troubler leur joie. Les gens du cadi, conduits par Taher, arrivèrent à la porte de la chambre. Ils frappèrent rudement en criant : « Debout, debout, seigneur hulla ! il est temps de paraître devant le juge ; levez-vous. » Le fils d’Abdallah poussa un profond soupir à ces paroles, et sa femme se prit à pleurer. « Infortuné Couloufe, dit-elle, que ton épouse te coûte cher ! — Ma princesse, répondit-il, de grâce essuyez vos larmes, elles me percent le cœur ; ne nous livrons point au désespoir, ranimons plutôt notre