Page:Les Mille et Un Jours, trad. Pétis de la Croix, 1919.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
101
CONTES ORIENTAUX

de juge, n’eut pas le pouvoir d’ébranler la fermeté du fils d’Abdallah, qui reçut les cent coups de bâton d’un air froid et sans se démentir. « En voilà assez pour aujourd’hui, dit le cadi ; demain nous doublerons la dose, et si elle n’est pas assez forte pour le guérir de son opiniâtreté, nous aurons recours à des remèdes plus violents : qu’il passe encore cette nuit avec sa femme, j’espère que nous le reverrons demain plus raisonnable. » Taher aurait fort souhaité que, sans attendre au jour suivant, on eût continué de frapper le hulla, et il ne tint pas à lui que cela ne fût ; mais le cadi ne le voulut pas : de sorte que Mouzaffer et son fils s’en retournèrent chez eux avec Couloufe, qui, tout meurtri qu’il était des coups qu’il avait reçus, ne laissa pas de regarder comme un doux lénitif à ses maux, la liberté qu’on lui donnait de revoir Dilara.

XXV

Mouzaffer essaya de persuader par la douceur le fils d’Abdallah. Il lui fit de nouvelles promesses ; il lui offrit jusqu’à trois cents sequins d’or s’il voulait sur-le-champ répudier la fille de Boyruc, et pendant qu’il n’épargnait rien pour gagner son esprit, Taher entra dans l’appartement de la dame.

Elle était dans une agitation qu’on ne peut exprimer. Impatiente d’apprendre ce qui s’était passé chez le cadi, elle attendait Couloufe avec toute l’inquiétude qu’on peut sentir. Quoique assurée de son amour, elle appréhendait que sa fermeté ne se fût