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LES MILLE ET UN JOURS

XXII

« On trouverait donc dans Samarcande, poursuivit Danischemend, des hullas tant qu’on en voudrait ; mais on aime mieux que ce soit un étranger, parce que ces sortes de choses doivent se faire le plus secrètement qu’il est possible. Mouzaffer a donc jeté les yeux sur toi. Je suis nayb[1], et par conséquent revêtu du pouvoir de te marier avec cette charmante dame, ce composé de toutes les perfections ; et dès ce moment si tu veux, tu en seras possesseur. — J’y consens, repartit le fils d’Abdallah. Après le portrait que vous venez de m’en faire, vous pouvez bien penser que je voudrais déjà l’avoir épousée. — Oui, mais, dit le nayb, il faut que tu promettes de la répudier dès demain et de sortir incessamment de Samarcande avec l’argent qu’on te donnera. La famille du seigneur Mouzaffer ne serait pas bien aise que tu demeurasses en cette ville après cette aventure. — Je n’y demeurerai pas longtemps, répondit Couloufe ; et si ce n’est pas assez de promettre, je jure que dès demain matin, je répudierai la dame que vous m’aurez fait épouser. »

Il n’eut pas plutôt fait ce serment, que le lieutenant du cadi apprit à Mouzaffer que le jeune étranger était prêt à servir de hulla : « Il accepte, lui dit-il, les conditions que je lui ai proposées de votre part. Il ne s’agit plus que de le marier avec votre belle-fille. »

  1. Lieutenant du cadi.