Page:Les Mille et Un Jours, trad. Pétis de la Croix, 1919.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
86
LES MILLE ET UN JOURS

à ma santé. » Il prit la coupe, après avoir baisé la main qui la lui donnait, et il but. Après cela, on versa du vin à la ronde, et la belle Dilara, par son exemple, excitait ses convives à se réjouir. Elle tendit une coupe d’or toute pleine, et s’adressant au fils d’Abdallah : « Couloufe, lui dit-elle, je bois à vos inclinations, à la charmante Ghulendam, la favorite du roi. — Madame, répondit le favori en rougissant, à Dieu ne plaise que j’aie l’audace d’élever ma pensée jusqu’à la maîtresse de mon prince ; j’ai pour lui trop de respect pour… — Ah ! vous voulez faire le discret, interrompit la dame en riant, je me souviens que vous me parlâtes hier de Ghulendam d’une manière si vive que vous m’en parûtes charmé. Je suis sure que vous l’aimez. Avouez-nous franchement que vous ne lui déplaisez pas, et que quelquefois vous faites la débauche ensemble. » Couloufe, à ces paroles, dont il voyait les conséquences, se troubla. « De grâce, madame, dit-il, cessez de plaisanter là-dessus. Je n’ai jamais eu de secret entretien avec cette dame. »

Le trouble qu’il faisait paraître redoubla les ris de Dilara. « Au lieu de prendre un air sérieux, reprit-elle, vous devriez nous raconter vos aventures. Catalpan, ajouta-t-elle en regardant le faux esclave, dis à ton maître qu’il ait un peu plus de confiance en moi. — Allons, seigneur Couloufe, dit le roi, donnez à madame la satisfaction qu’elle vous demande. Elle vous en prie de si bonne grâce. Contez-lui la naissance et le progrès de vos amours ; apprenez-lui où vous en êtes avec Ghulendam, et de quelle manière vous trompez tous deux le roi. Madame, poursuivit-il en se tournant vers Dilara, je ne suis pas moins curieux que vous de savoir cela ; car quoique je me pique d’être un confident assez discret, je vous assure que le seigneur