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porter orge, paille ou avoine. Ils sont très obéissants à leurs chefs. Ils peuvent passer toute une nuit à cheval, en armes, ce qui n’empêche pas leurs chevaux de paître. C’est la nation du monde la plus endurcie à la peine, à la fatigue et qui exige le moins de dépenses. Aussi personne ne les égale pour conquérir terres et royaumes. Il y paraît bien, ainsi que vous l’avez déjà vu et le verrez encore en ce livre, car ils sont certainement maîtres de la plus grande partie du monde.

Voici comment ils sont organisés. Quand un seigneur tartare se rend à l’armée, il emmène avec lui cent mille hommes à cheval. Il place un chef à la tête de chaque dizaine, de chaque centaine, de chaque millier et de chaque dizaine de milliers. De la sorte, lui-même n’a à commander que dix hommes : et ces dix hommes n’ont à commander chacun que dix autres. Chacun obéit à son chef si bien et avec tant d’ordre que c’est merveille, si l’on songe combien l’armée est nombreuse.

Le corps de 100.000 hommes, on l’appelle un tuc, celui de 10.000 hommes, un toman, celui de mille hommes, un miny ; on appelle guz le groupe de cent hommes, un le groupe de dix hommes. Quand l’armée est en marche, deux cents cavaliers bien montés vont à deux jours de marche en avant pour l’éclairer. Il en est de même en arrière et sur chaque aile. Ainsi l’armée est couverte de tous côtés et ne peut être surprise. Quand on part pour une longue expédition, les hommes n’ont point d’équipement. Chacun d’eux porte seulement un petit boucher où il met son lait, un petit pot de terre pour faire cuire sa viande et une petite tente