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des assassins. À l’entrée, se dressait un château inexpugnable qu’il fallait traverser pour pénétrer au jardin, c’est là que le Vieux tenait sa Cour ; il y élevait des enfants de douze ans qui se destinaient à la carrière des armes. Il leur décrivait le Paradis, tel que Mahomet le représente et ces enfants le croyaient.

Il leur faisait ensuite boire un breuvage qui les endormait, puis, par petits groupes, on les prenait et on les transportait dans le jardin.

À leur réveil, ils étaient convaincus, se voyant en si beau lieu, de se trouver au paradis.

Quand le Vieux avait besoin d’un assassin pour l’envoyer quelque part, il faisait verser du breuvage à un de ceux qui étaient dans son jardin et le faisait transporter endormi dans son palais. Le dormeur, à son réveil, se trouvait hors du paradis, dans le château. Sa surprise et son affliction étaient extrêmes. Alors le Vieux le mandait en sa présence : le jeune homme se prosternait profondément, convaincu qu’il était devant un vrai prophète. Le Vieux lui demandait d’où il venait. L’autre répondait qu’il sortait du paradis, qui était bien tel que Mahomet le dit dans sa loi. Ceux des assistants qui n’avaient jamais vu le paradis éprouvaient grand désir, d’y aller.

Lorsque le Vieux voulait faire tuer un grand personnage, il disait à ces jeunes hommes : « Allez et tuez telle personne : quand vous serez de retour, je vous ferai porter par mes anges en paradis. Ils vous y transporteront aussi si vous mourez dans votre mission. » Tous le croyaient et exécutaient l’ordre sans