Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/62

Cette page a été validée par deux contributeurs.

prophète était dieu, ou roi ou mire[1], (sauveur). S’il acceptait l’or, c’est qu’il serait roi, s’il acceptait l’encens c’est qu’il serait dieu ; s’il prenait la myrrhe, c’est qu’il serait mire.

Or, quand ils furent arrivés au lieu où était né l’enfant, le plus jeune des trois rois entra d’abord et le trouva semblable en âge à lui-même. Il sortit, tout émerveillé. Après lui, entra le roi qui était immédiatement plus âgé et, tout comme celui qui l’avait précédé, l’enfant lui parut semblable en âge à lui-même. Il sortit à son tour, se montrant, lui aussi, rempli d’admiration. Alors entra celui qui était le plus vieux et il en fut pour lui comme il en avait été pour les deux autres. Il sortit tout pensif. Les trois rois s’étant réunis se dirent l’un à l’autre ce que chacun avait vu, et leur étonnement grandit encore. Ils décidèrent d’entrer tous trois ensemble. Ce qu’ayant fait, l’enfant leur parut avoir l’âge qu’il avait réellement, c’est-à-dire treize jours. Alors ils l’adorèrent et lui offrirent l’or, l’encens et la myrrhe. L’enfant prit les trois offrandes et leur donna une boîte close. Puis les rois le quittèrent pour retourner en leur pays.

Après avoir chevauché plusieurs jours, ils voulurent voir ce que l’enfant leur avait donné. Ils ouvrirent donc la boîte et trouvèrent dedans une pierre. À cette vue, ils se demandèrent avec étonnement ce que ce présent pouvait signifier. Or voici quelle en était la signification : quand ils avaient remis à l’enfant leurs offran-

  1. Dans la langue du Moyen Âge, mire signifie médecin.