livre : « Pour savoir la pure vérité des diverses régions du monde, prenez ce livre et le faites lire. Chacun qui ce livre écoutera ou lira le doit croire parce que toutes choses y sont véritables. Car je vous fais savoir que, depuis que Dieu créa Adam, notre premier père, jamais homme d’aucun temps ne connut des diverses parties du monde et de leurs grandes merveilles autant qu’en connut messire Marco Polo. C’est pour cela qu’il a cru que ce serait trop grand dommage s’il ne faisait mettre en écrit ce qu’il a vu et entendu afin que les autres gens qui ne l’ont vu ni entendu l’apprissent par ce livre. »
C’est qu’en effet tous les récits du voyageur sont scrupuleusement exacts. Pour les dicter, il n’avait pas seulement recouru à sa mémoire, il possédait des documents précieux. Quand il était en Chine, chargé de missions par Khoubilaï-Khan, il ne manquait pas, au cours de ses voyages, de prendre des notes nombreuses qui lui permettaient de faire à l’Empereur un récit fidèle. Les lecteurs européens profitèrent de ce qui avait été destiné à l’information et au divertissement du souverain mongol.
Aussi quel contraste entre ses récits et les fables de ses devanciers immédiats ! Quand parut le livre de Marco Polo, le géographe Brunetto Latini venait tout juste de mourir. Son Trésor rassemble les notions que possédaient les contemporains sur l’Asie. Aucun témoignage direct, aucune vraisemblance même. Les légendes empruntées aux auteurs de tous les temps et de tous les pays y sont accueillies pêle-mêle. Latini