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complet et minutieux de tout ce qu’il avait remarqué au cours de son voyage. Ses récits pittoresques charmèrent l’empereur qui saisit désormais chaque occasion d’envoyer en mission un observateur si diligent. Ainsi put-il connaître et explorer à son gré des contrées lointaines où, sans son caractère officiel, il n’aurait jamais pénétré.

Dans sa précieuse édition du Livre de Marco Polo, l’érudit Pauthier, en interprétant, à l’aide de documents chinois, les indications volontairement imprécises données par le Vénitien, a pu reconstituer les missions dont Marco Polo fut chargé. Les principales furent pour le Tonkin, la Birmanie, Ceylan, la Cochinchine. Marco Polo fut aussi gouverneur de la ville et du territoire de Yang-Tchéou. Les annales chinoises parlent d’un Po-Lo, commissaire en second du conseil privé. Elles mentionnent le rôle important qu’il joua lors du meurtre d’un certain Achmet, ministre des finances de Khoubilaï. Ce sont les propres exactions d’Achmet qui avaient provoqué son assassinat. Marco Polo, chargé d’informer, découvrit et révéla à l’empereur les prévarications de son ministre. À défaut du principal coupable, la justice mongole s’exerça sur les complices. Ils furent livrés au supplice et les immenses richesses accumulées par Achmet furent confisquées.

C’est ainsi que, pendant dix-sept ans, Marco Polo, membre du conseil privé et commissaire impérial, fut comblé de faveurs par Khoubilaï-Khan. Il menait une vie fastueuse et surtout pouvait satisfaire librement à travers l’immense empire mongol ses goûts d’observa-