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Jusque sur les îles de la Malaisie, Khoubilaï prétendait à un vague droit de suzeraineté. Son action diplomatique atteignait Madagascar.

Dans un empire si étendu, le gouvernement central devait souvent employer des envoyés spéciaux. Le pouvoir des autorités locales était large, mais il fallait les contrôler, parfois même se substituer à elles dans des cas particulièrement délicats. Marco Polo fut désigné pour une de ces missions lointaines. Jeune et d’esprit ouvert, il avait appris rapidement la plupart des langues qui se parlaient dans l’empire. Cette connaissance, jointe à la grande estime dans laquelle il tenait les Vénitiens, fixa le choix de l’empereur.

Marco Polo répondit à son attente. Khoubilaï aimait à s’instruire. Lorsque les officiers qu’il avait envoyés en mission revenaient auprès de sa personne, il ne manquait pas de les questionner sur ce qu’ils avaient vu au cours de leur voyage. La plupart ne savaient que lui exposer l’objet strict de leur mission, sans rien lui dire sur ce qu’ils avaient pu voir et observer. Alors le souverain les reprenait :

— Je sais bien, leur disait-il, pourquoi je vous ai envoyés là-bas ; ce que je voudrais savoir, c’est comment vivent ces populations lointaines, quelles sont leurs mœurs et leurs coutumes.

Les officiers qui ne pouvaient satisfaire sa curiosité, il les tenait pour incapables et ignorants. Le jeune Marco, qui savait ce penchant de l’empereur et qui lui-même était passionnément curieux de toute nouveauté, eût grand soin, à son retour, de faire un tableau