il était généreux et traitait les affaires largement, en prince plutôt qu’en marchand. Les Vénitiens, qui avaient escompté cette munificence, ne manquèrent pas d’en profiter. Ils offrirent à Barkaï tous les joyaux dont ils s’étaient munis. Le Mongol fut enchanté et leur en fit remettre plus de deux fois la valeur.
Les Vénitiens auraient sans doute utilisé longtemps encore les dispositions bienveillantes de leur hôte. Par malheur, une guerre éclata entre lui et un autre descendant de Gengis-Khan, Houlagou, qui régnait en Perse. Barkaï fut vaincu, mais la guerre se prolongea et toute la région qu’avaient traversée les voyageurs pour venir à Saraï fut dévastée par des bandes qui pillaient et massacraient. La voie du retour leur était fermée : les Vénitiens, payant d’audace, se résolurent à aller de l’avant. Ils franchirent le Volga, traversèrent pendant vingt-six journées de marche un désert peuplé seulement de pasteurs nomades et arrivèrent enfin à Boukhara.
Cette fois, leur embarras fut extrême. Impossible soit d’avancer, soit de reculer. Les indigènes se méfiaient de ces visiteurs dont la curiosité leur paraissait suspecte et ils les surveillaient étroitement. Pendant trois ans, les Polo se morfondirent. Un événement imprévu vint les tirer d’affaire. En 1264, passèrent à Boukhara des ambassadeurs qu’Houlagou envoyait à Cambaluc, près de Pékin, pour rendre hommage au chef suprême des Mongols, à l’empereur Koubilaï-Khan. Quelle occasion de traverser en sécurité des régions inconnues et peut-être, qui sait ? de