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CHAPITRE LVIII

Les pirates


Avec le royaume d’Ely[1], nous entrons, dans des contrées plus fréquentées. Les habitants sont idolâtres et leur roi est indépendant. Dans ce pays, il n’y a point de ports, mais des fleuves vastes et profonds offrent des abris. Lorsque quelque navire y entre, les indigènes accourent et s’enquièrent du but du voyage. Si le navire se dirige ailleurs, ils s’en emparent :

« Ce sont, disent-ils aux navigateurs, nos dieux qui vous ont envoyés vers nous, il est juste que ce qui est à vous soit notre butin. »

Mais si le navire est destiné à leur contrée, ils font bon accueil à l’équipage. Cet usage est répandu dans toutes les Indes. Quand un navire est détourné de son chemin par la tempête, il est pillé là où il se réfugie.

Le royaume de Melibar est indépendant et peuplé d’idolâtres. On y voit l’étoile polaire à deux coudées au-dessus de l’horizon. Chaque année, plus de cent navires de corsaires en sortent. Ils passent tout l’été au large. Ils forment des escadres de vingt à trente navires, séparés chacun par un intervalle de cinq ou

  1. Aux environs de Mahé.