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les droits sont de 20 tomans[1] d’or ; chaque toman vaut 70 000 poids d’or, et chaque poids vaut plus d’un florin. Il y a aussi le sucre, qu’on fabrique ici en grande abondance. Le reste du monde, assurent plusieurs, n’en fabrique pas la moitié du seul Manzi. On paie au Khan trois poids pour cent pesant. Ainsi fait-on pour toutes marchandises et pour toute industrie. Pour le charbon, dont il y a une grande quantité, et pour la soie, qui est en abondance extraordinaire, le grand Khan perçoit dix poids sur cent pesant. Le total de ces impôts dépasse toute mesure et il n’est pas possible de croire ce que chaque année la neuvième partie de cette contrée de Manzi rapporte au grand Khan.

Messire Marco Polo, qui dit ces choses, fut chargé plusieurs fois par le grand Khan d’aller vérifier le compte des impôts. Sans les droits sur le sel, ils s’élèvent à deux cent dix tomans d’or qui valent quinze millions sept cent mille pièces d’or[2], c’est-à-dire un des revenus les plus démesurés dont on ait jamais entendu parler. On peut juger du rendement total par ce chiffre qui s’applique à la neuvième partie de la contrée. Il est vrai que c’est la partie la plus riche et la plus productive. Aussi le grand Khan l’aime beaucoup, la fait soigneusement garder et y maintient les habitants en paix.

  1. Pauthier estime la somme à 50 000 000 de francs ce qui est le chiffre donné par les annales officielles. Bien entendu, il s’agit de francs-or.
  2. Cela représente cent quarante millions cent quatre-vingt-onze mille francs, toujours en francs-or. Si l’on ajoute l’impôt de sel, cela fait 950 millions de francs-papier.