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car plusieurs villes voisines se fournissent à Quinsay.

Les marchands y sont nombreux et riches, plus qu’on ne saurait le dire. Les maîtres de chaque métier, qui sont les chefs des ateliers, ne travaillent pas de leurs mains, non plus que leurs femmes : ils mènent une existence aussi désœuvrée et aussi somptueuse que des rois. La loi interdit aux habitants, possèderaient-ils toutes les richesses du monde, d’exercer un autre métier que celui de leur père.

Dans la cité, il y a un lac qui a trente milles de tour. Sur ses bords s’élèvent les maisons des nobles, ainsi que des monastères et des temples consacrés aux idoles. Au milieu du lac se trouvent deux îles contenant chacune un palais si vaste et si riche qu’on dirait un palais d’empereur. Quand les habitants, au temps du roi, voulaient célébrer une fête, les palais leur étaient ouverts ; ils y trouvaient l’argenterie et tout ce dont ils avaient besoin. Le roi pourvoyait à tous ces frais, pour honorer son peuple. Ainsi les palais étaient publics : s’en servait qui voulait.

Les maisons sont construites en bois, mais il existe de hautes tours de pierre où l’on serre les objets précieux par crainte des incendies.

Les habitants sont idolâtres. Depuis la conquête, ils reçoivent la monnaie de papier. Ils mangent des chiens et d’autres bêtes immondes en horreur aux chrétiens. Par ordre du grand Khan, dix soldats gardent nuit et jour chacun des douze mille ponts pour prévenir tout soulèvement et assurer la police. Dans