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mourir de frayeur. Mais l’accoutumance fait qu’on ne s’en effraie plus. Quand on l’entend pour la première fois, il faut se garnir les oreilles de coton, puis s’enfouir la tête et le visage sous le plus de vêtements possible. De la sorte on évite la première secousse et l’habitude finit par venir. Quant aux chevaux qui ne sont pas habitués, ils brisent leurs entraves ; plusieurs se sont ainsi perdus. Aussi maintenant les voyageurs attachent solidement leurs bêtes et leur entravent les quatre pieds ; puis ils leur bandent la tête, les yeux et les oreilles. Quand les chevaux ont entendu le bruit plusieurs fois, leur frayeur diminue. Mais, la première fois il n’y a rien au monde de si épouvantable. Malgré cette précaution, les voyageurs sont parfois attaqués par des lions, des ours et autres bêtes féroces.

Le Thibet est une province très vaste. Les habitants en sont idolâtres, inhospitaliers, moqueurs et enclins au vol. Ils tirent leurs ressources de la chasse, de l’élevage et de la culture. C’est là que vit l’animal qui produit le musc et qu’on appelle gonderi. Les habitants le prennent avec l’aide de chiens qui sont grands comme des ânes.

Les rivières et les lacs du Thibet contiennent des paillettes d’or. On trouve aussi dans cette province du corail qui est très estimé et dont on orne le cou des femmes et des idoles. Enfin il y a des épices inconnues en Europe.

C’est là que se rencontrent les plus puissants enchanteurs. Leur art diabolique leur permet d’accomplir