CHAPITRE XXIII
Le grand commerce de Cambaluc
Après être resté en cet endroit de mars à la mi-mai, le grand Khan retourne à Cambaluc, sa capitale. Cette ville a un si grand nombre de maisons et d’habitants que la chose semble impossible, car il y a douze faubourgs, autant que de portes, et ces faubourgs sont plus peuplés que la ville. C’est là qu’habitent les marchands et les étrangers de passage, qui apportent les redevances au Khan ou viennent commercer à sa cour. Aussi les belles maisons sont-elles aussi nombreuses au dehors de la ville qu’au dedans.
On n’ensevelit pas les morts à l’intérieur des murailles. Les corps des idolâtres sont brûlés dans un endroit désigné à cet effet, loin de la ville et des faubourgs. Quant aux chrétiens, aux musulmans et à ceux que leur loi commande d’enterrer, leurs cadavres sont aussi transportés dans un endroit éloigné, hors des faubourgs ; ainsi la terre est meilleure et plus saine.
Je vous dis qu’en cette ville il y a abondance de tout plus qu’en aucune autre ville du monde. Car chacun apporte des marchandises, les uns pour le prince, d’autres pour la cour, d’autres pour la ville, qui est si vaste, d’autres pour les puissantes armées du grand Khan, qui campent aux environs. C’est un défilé