Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/114

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les mécréants ayant entendu les paroles du Khan, s’abstinrent de blâmer les chrétiens.

Après sa victoire, le grand Khan s’en retourna à sa capitale de Cambaluc. Caïdou, l’autre chef Tartare, ayant appris la défaite et la mort de Nayan, en fut très affligé et en resta là de ses préparatifs, car il craignit d’éprouver le même sort.

Vous connaissez maintenant la seule expédition qu’ait faite le grand Khan ; dans les autres guerres il envoie ses fils ou ses généraux, mais, cette fois, il ne voulut confier à personne le soin de réduire l’orgueil de ce traître Nayan.

Voici ce que fit le grand Khan pour ses barons qui s’étalent bien comportés à la bataille. Celui qui était seigneur de cent hommes, il le fit de mille. Celui qui était seigneur de mille, il le fit de dix mille. Et ainsi leur accordait-il à chacun selon son rang, comme il jugeait qu’ils l’avaient mérité. En outre, il leur donna de belle vaisselle d’argent et de belles armures. Il leur fit aussi présent de joyaux d’or et d’argent, de perles, de pierres précieuses, de chevaux. Tous ces dons n’égalaient pourtant pas leurs services, car jamais on ne vit hommes accomplir tant d’exploits pour l’amour et l’honneur de leur seigneur qu’ils n’avaient fait au jour de la bataille.