Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/106

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE XVII

Une victoire du grand Khan


Je veux commencer à vous conter en ce livre tous les faits et toutes les merveilles du grand Khan qui règne à présent et qui est appelé Koubilaï-Khan, c’est-à-dire, en français, le grand seigneur des seigneurs, empereur. Certes il porte ce titre à bon droit et il faut que tous sachent et tiennent pour vérité certaine qu’il possède plus de sujets, de territoires et de trésors que jamais personne n’en posséda depuis Adam, notre premier père, jusqu’aujourd’hui. Et je vais vous montrer avec évidence en ce livre que je vous dis la vérité.

Koubilaï-Khan descend en droite ligne de Gengis-Khan, qui fut le premier seigneur de tous les Tartares du monde. Il obtint la seigneurie en l’an 1256 du Christ ; il la méritait par sa prouesse et sa grande valeur et il avait pour lui le droit et la raison. Ses frères et ses parents lui disputaient l’empire, mais sa prouesse fit prévaloir ses prétentions légitimes. Il a régné quarante deux ans jusqu’en l’année 1298 dans laquelle nous sommes. Il peut avoir aux environs de 85 ans, car il en avait à peu près 43 quand il s’assit sur le trône. Auparavant il allait à l’armée et, dans plusieurs expéditions, il se conduisit en vaillant homme d’armes. Mais depuis son avènement, il ne combattit,