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m’en ont pas fait pénétrer les détails secrets : mais par-tout où d’heureuses circonstances m’ont servi à dévoiler la source des faits, je me fuis attaché à la montrer dans sa pureté, au risque de restituer au mépris les héros de certaines anecdotes déjà publiées à leur gloire. L’historien par devoir doit assigner à chaque personne le rang qui lui est dû & à chaque fait le crédit qu’il mérite. Si le châtiment est tombé sur la foiblesse, elle n’en implore que plus hautement sa vengeance ; & le crime que le bonheur a couronné, doit trouver sa punition dans les annales qu’il écrit. Cette tâche est périlleuse, mais elle est indispensable. On ne fera donc point étonné si, en traitant quelques parties de l’histoire de France, je soutiens cette noble franchise ; & si je ne le faisois pas, je ferois tort au rare bonheur de l’administration de M. le Duc de Choiseul, qui laisse à chacun la liberté de penser en Angleterre ce qu’il veut & d’y dire ce qu’il pense. La liberté & la vérité qui ont toujours conduit ma plume, doivent me valoir son suffrage, car ces nobles caractères sont sûrs de plaire à un génie tel que le sien. Un principal ministre qui ne les aime pas, peut bien être un homme redouté, mais il ne sera jamais un grand homme. Sous Auguste, la