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ment des favoris illustres & des ministres approuvés. L’économie qui est une vertu dans le gouvernement d’un état paisible, lui paroît un vice, lorsque l’agitation lui présente de grandes affaires : mais un roi ordinaire cherche des amis & ne trouve que des intriguans : tout ce qui l’environne est économie, pour les grands objets, tandis que ses revenus, quelqu’immenses qu’ils soient, sont engloutis dans un abîme de petites affaires. De ce dernier malheur il en résulte un autre, l’or obtient un trop grand crédit, & dès-lors on voit dans un état l’union fatale des honneurs & de l’oisiveté. L’indolence des cours & le luxe des capitales énervent le courage d’un tas de citoyens, qui retirés dans leurs provinces s’y formeroient un courage mâle prêt à verser leur fang dans les combats. Fatale nécessité qu’il faut toujours prévoir !

Un roi armé par la sagesse cherche toujours la paix, & s’il ne peut la perpétuer, il est sûr de trouver des ressources contre les maux de la guerre, dans un peuple instruit & laborieux, dont l’esprit & le corps font également disposés au travail par amour & par reconnoissance. Mais un roi qui ne songe qu’à se faire craindre & qu’à abattre ses sujets pour les rendre plus soumis, est le fléau du