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leur échaper toujours. Tel est mon but : je n’impute point mes malheurs à mes compatriotes, pourquoi les priverois-je du fruit de mes veilles ? Dans l’impossibilité où des ministres préoccupés m’ont mis d’être aussi utile que je l’aurois désiré à mon roi & à ma patrie, je me console en instituant en quelque sorte le public héritier & légataire de mes richesses littéraires & politiques.

Le titre de mon ouvrage embrasse tant de sujets différens que, s’il falloit faire une dissertation préliminaire sur chacun, la préface deviendroit presqu’aussi longue que l’ouvrage. Le titre annonce suffisament que c’est une union de matériaux sur toutes fortes d’objets concernant l’administration publique, rassemblés à la hâte pendant le cours de mes voyages & de mes occupations politiques, que j’ai tâché de mettre en œuvre avec le plus de soin que j’ai pu pendant mes loisirs souvent fort agités en Angleterre. Il m’est permis de les confier au public sans manquer à la fidélité que j’ai vouée à ma patrie, ni aux égards que je dois aux puissances étrangères, auprès desquelles j’ai été employé.

Dans le dernier siècle on étoit encore dans l’ancien préjugé, & l’on croyoit qu’il y a dans l’administration des mystères politiques qu’il ne faut pas