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grand ou petit général. Ceux-ci parvenoient subitement au ministère, pour prix de quelques dissertations politiques & de leurs vastes projets dressés sans la moindre connoissance des intérêts des princes. Enfin chacun y étoit traité souvent selon son goût ; & toujours suivant son mérite. Un festin faisoit l’heureuse clôture de l’assemblée, & comme on peut bien l’imaginer, il étoit de fondation qu’on y bût à la santé des nouveaux dignitaires & qu’on y chantât leurs louanges.

7. Rien ne ressembloit mieux aux brevets que l’on donne en France, sous le nom du régiment de la colotte, que les patentes que la société des Babins expédioit à ses officiers. J’en ai vus d’assez joliment tournées. Par un pareil badinage, on donnoit souvent des leçons frapantes touchant la distribution des grâces faites par la cour : car il arrivoit quelquefois des changemens prodigieux dans le sort d’un seigneur qui passoit de la république de Pologne dans celle des Babins. Par exemple on y métamorphosoit le primat intéressé en frère quêteur ; le palatin pillard en archer des douanes ; le général timide en courier & le mauvais magistrat en marchand.