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oublier celles qu’on a voulu trouver dans ma conduite passée ; & je me flatte qu’en adoptant les foibles efforts littéraires que je vous présente, vous vous déterminerez à mettre un terme aux maux qu’on me fait endurer depuis si longtems. Toutes ces petitesses de la vengeance exercée contre un simple particulier, ne semblent pas faites pour une grande âme occupée de la destinée de l’Europe. J’espère que Votre Excellence se ressouviendra du zèle avec lequel j’ai servi dans le Nord, à l’armée & en Angleterre. Mon désir est toujours aussi ardent pour le service de mon Roi & de ma patrie, que ma fidélité a été & sera inviolable.

Ces sentimens que j’ai toujours chéris me font présumer qu’il n’y a que des Ibis[1] qui puissent me vouloir du mal ou s’opposer à mon retour. Si j’avois des vœux à former à ce sujet, ce ne seroit qu’afin d’être à portée d’admirer de plus près celui à qui j’ai rendu justice de si loin.

Je suis avec un profond respect,
MONSEIGNEUR,
Votre très humble
& très obéissant Serviteur,
Le Chev. D’ÉON.
  1. Ibis, oiseau d’Égypte, sujet à la goute, qui se purge le ventre avec le bec.