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bienfaisant avec discernement ; vous aimez vos amis, mais sans désespérer vos ennemis ; votre autorité n’écoute pas son pouvoir, votre esprit n’emprunte jamais ses agrémens de la médisance : enfin vous ne dites & ne faites aucun mal, malgré la prodigieuse facilité que vous y auriez.

Je souhaite qu’une plume plus habile, mais aussi vraie que la mienne, fasse passer à nos neveux le tableau fidèle des talens & des vertus qui vous gagnent les cœurs & vous soumettent les esprits. Si je vous dédie cet ouvrage, ce n’est pas que je croie qu’aucun nom, quelque grand qu’il soit, mis à la tête d’un livre, soit capable de couvrir les fautes de l’auteur : mais la matière m’a paru par sa nature le ranger d’elle-même sous votre protection. Dans cette démarche, je n’ai consulté que mon cœur, il me conduit seul, seul il a toujours dirigé mes actions & inspiré mes paroles. Il se trompe quelquefois, vous le savez, Monseigneur, mais ce ne peut être après des épreuves aussi longues que celles que j’ai soutenues avec patience depuis mon exil dans le pays même de la liberté.

Votre indulgence aura sans doute autant de facilité à pardonner les fautes involontaires de mes écrits, que la justice vous donne de penchant à