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age de vous avoir précédé. Vos successeurs tâcheront de vous imiter avec la même ardeur que vous mettez à consulter vos modèles : heureux, si comme vous, ils peuvent les égaler !

C’est, Monseigneur, dans l’isle de la philosophie & de la liberté, où l’on apprend à ne donner des éloges qu’à la vertu & au mérite, que mon esprit libre de préjugés expose au public les traits qui vous caractérisent.

Je craindrois de vous déplaire, si je relevois l’éclat de votre naissance, ou la grandeur de vos dignités. Honneurs étrangers ! le lustre que vous y ajoutez doit seul en faire ressouvenir : mais la postérité auroit droit de se plaindre, si je ne lui transmettois une idée de ce noble désintéressement qui, dans les affaires, vous a porté plus d’une fois à prononcer contre vous-même ; de ce caractère affable qui, dans le commerce privé, semble, sans commettre l’élévation de votre rang, donner aux autres la facilité de s’élever au-dessus du leur ; de ce fond de bonté qui vous assure l’amour du public, seul bien que puissent acquérir encore, ceux qui tiennent tous les autres ou de l’éminence de leurs emplois, ou de l’antiquité de leurs aïeux. Vous êtes humain, sans être foible ; vous êtes