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les lois de manou

les planètes, les fleuves, les mers, les montagnes, les plaines, les lieux accidentés,

25. L’ascétisme, la parole, le plaisir, le désir, la colère ; et dans son désir de donner l’existence à ces êtres, il créa cette création.

26. Mais pour distinguer les actions, il sépara le juste de l’injuste[1], et donna aux créatures ces conditions opposées deux à deux, telles que le plaisir et la peine, etc.[2]

27. Mais avec les atomes périssables[3] des cinq (éléments) dont on a parlé, tout cet (univers) a été formé dans l’ordre régulier.

28. La fonction à laquelle le Seigneur a attaché chaque (être) à l’origine est aussi celle que cet (être) a spontanément prise au fur et à mesure qu’il était de nouveau créé.

29. Le caractère nuisible ou inoffensif, doux ou cruel, vertueux ou méchant, vrai ou faux, qu’il a assigné à chaque (être) lors de la création, s’est imprimé spontanément en celui-ci (lors des créations subséquentes).

30. De même que dans la succession des saisons celles-ci prennent d’elles-mêmes leurs attributs distinctifs, ainsi (dans la succession des existences) les (êtres) doués d’un corps[4] (prennent) chacun leurs fonctions[5] propres.

31. Mais pour la multiplication des individus[6] il fit sortir de sa bouche, de ses bras, de ses cuisses et de ses pieds le Brahmane, le Kchatriya, le Vaisya et le Soudra.

  1. Dharma, adharma, ou si on préfère, le devoir et le non-devoir, la vertu et le vice.
  2. L’énumération complète comporterait encore l’amour et la haine, la faim et la soif, le froid et le chaud, et ainsi de suite.
  3. Suivant Kull, cette épithète fait allusion à la transformation des éléments subtils (tanmātra) en éléments grossiers ou grands éléments (mahābhūta) : c’est à cause de ce changement qu’ils sont appelés périssables.
  4. Doués d’un corps (dehin), c’est-à-dire les créatures animées.
  5. Les fonctions (karman), c’est-à-dire que chacun accomplit les actes ou les fonctions qui conviennent spécialement à la forme sous laquelle il renaît.
  6. C’est-à-dire, pour propager l’espèce