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les lois de manou

19. Des particules constitutives subtiles de ces sept principes[1] tout-puissants naît ce (monde) périssable (sorti) de l’impérissable.

20. Chacun d’eux[2] acquiert la qualité de celui qui le précède immédiatement et possède, dit-on, un nombre de qualités proportionnel à son rang dans la série.

21. Dans le commencement il régla d’après les paroles du Véda le nom, la fonction et la condition de chaque chose individuellement.

22. Et le Seigneur créa la troupe subtile[3] des dieux doués de vie, dont la nature consiste dans l’action[4] et des Sâdhyas[5], ainsi que le sacrifice éternel.

23. Du feu, du vent et du soleil, il exprima[6] pour l’accomplissement du sacrifice les trois Védas[7] éternels, appelés le Rig-Véda, le Yadjour-Véda et le Sâma-Véda.

24. Le temps, les divisions du temps, les stations lunaires,

  1. Le texte porte purusha « mâle ou esprit », c’est-à-dire ici principe créateur. Ces sept purusha sont d’après le commentaire : le manas ou sens interne, l’ahaṇkāra ou sentiment du moi et les cinq tanmātra ou éléments subtils, cf. v. 16.
  2. C’est-à-dire « de ces éléments » ; ce vers signifie que dans la série des éléments, le premier a une qualité, le second la même qualité plus une autre, etc. Ainsi l’éther n’a qu’une qualité, le son ; l’air a deux qualités, le son et la tangibilité ; le feu en a trois, son, tangibilité, couleur ; l’eau en a quatre, son, tangibilité, couleur, saveur ; la terre enfin, les quatre précédentes, plus l’odeur.
  3. C’est-à-dire « qu’on ne peut percevoir par les sens, invisible ».
  4. Karmātmanām, expression obscure. Peut-être faut-il prendre karman au sens de sacrifice, ainsi que le remarque B. ; le composé signifierait alors « dont la nature est le sacrifice », ou « dont la divinité dépend de l’accomplissement du sacrifice, qui ne subsistent que par le sacrifice ».
  5. Les Sâdhyas sont une classe de divinités inférieures ; ils personnifient les rites et prières des Védas et habitent avec les dieux ou dans la région intermédiaire entre le ciel et la terre. Leur nombre varie suivant les autorités : il est de douze ou de dix-sept.
  6. Dudoha signifie littéralement « traire ».
  7. Il y en a un quatrième qui n’est pas mentionné ici, l’Atharva-Véda ; ce dernier est d’origine plus récente. On voit que les Védas sont des espèces d’entités divines. Suivant un autre mythe, ils sont éternels et sortis de la bouche de Brahma à chacun des âges successifs (kalpa) de la création.