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teurs des guides précis et détaillés de la loi religieuse et morale. À l’origine il a existé un certain nombre de Traités écrits en prose aphoristique par les précepteurs des diverses écoles védiques pour l’usage de leurs élèves et dont l’autorité très circonscrite ne dépassait pas les limites mêmes de la secte dans laquelle ils étaient enseignés. Ces Manuels appelés Soutras n’étaient en général considérés que comme des compositions purement humaines, malgré leur prétention à se rattacher aux doctrines du Véda. C’étaient les institutions fragmentaires, éparses dans les anciens livres sacrés, que les Brahmanes arrangeaient pour la commodité de leur enseignement en enfilades d’aphorismes ou Soutras, et qui, outre les six sciences accessoires du Véda ou Védângas, rituel, grammaire, phonétique, métrique, étymologie et astronomie, comprenaient encore la Loi sacrée[1]. Les principales questions traitées dans les Dharma-Soutras sont les suivantes : les règles de conduite, les règles de pénitence, la décision des procès, l’administration de la justice, et incidemment les principes de la politique[2] des rois et du gouvernement. Ces Soutras dont l’antiquité est assez reculée (M. Max Muller leur assigne comme limites entre 600 et 200 avant J.-C.) ont servi de base aux Manuels versifiés ou Smritis métriques, qui sont d’origine relativement plus moderne, ainsi que le prouvent tant le caractère des doctrines et la forme de l’exposition, que l’emploi du sloka ou distique épique dont l’apparition dans la littérature sanskrite ne paraît pas devoir être reportée à une date très ancienne. Chacun des Manuels versifiés repose vraisemblablement sur un Soutra

  1. Les Soutras relatifs aux rites domestiques et aux sacrements s’appellent Grihya Soutras. La Bibliotheca Indica a imprimé les Grihya Soutras d’Âsvalâyana.
  2. Les ouvrages qui traitent spécialement de la politique s’appellent Nîti-Sâstras.