et aussi sanctifiée puisse s’épouvanter d’un
esprit qui ne peut faire de mal ? Ne voyez-vous
pas, continua-t-il en souriant, que c’est
un des lutins familiers de notre assemblée
nocturne, qui nous rend visite de tems en
tems, et qui nous communique des secrets
que nous serions fâchés de ne point savoir ?
À ces mots le père supérieur se rassura, et
ne se mit plus tant en peine de l’esprit follet,
qui continua longtemps ses visites aux
révérends pères jésuites, qui donnèrent aussi
plusieurs pardons à ses compagnes qui se
déguisèrent à son imitation en petits diables
afin d’obtenir la bénédiction jésuitique qui
ne se donnoit ordinairement qu’aux dames
de bonne fortune et de méchante vie.
Mais, comme tout change dans le monde, et que rien n’est si constant que l’inconstance, qui suit toujours le tems, ces religieux s’ennuyèrent de jouer toujours la même farce qui auroit été cependant pour eux un bonheur si elle avoit duré, puisqu’il leur arriva ensuite une autre scène qui donna bien de l’exercice à tout le couvent. C’étoit l’esprit Nicolas, qui se disoit être l’ombre d’un jésuite de leur société du même nom, mort depuis quelques années, qui revenoit presque toutes les nuits, qui faisoit des cris effroyables à leurs oreilles, et qui renversoit tous leurs livres et tout ce qu’ils avoient, de rage, disoit-il, d’être tourmenté éternellement des diables et des furies de l’enfer