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LES JÉSUITES


ter de la belle Binot, qui poivra particulièrement les pères Du Trone, De La Rue et Petit d’une fine vérole dont les pauvres jésuites pensèrent crever quelque tems après.

La fête de Vénus étant finie, l’on renvoya les écoliers avec leurs récompenses, croyant avoir rencontré une bonne fortune. Il n’est point de bien que l’on ne dît des charmes de Marie Binot que deux ou trois couvens entretenoient ; mais, quand on vint à connoître le mal qu’elle leur avoit causé, chacun l’envoya mille fois au diable sans qu’elle y allât pourtant, la menaçant de la rouer de coups s’ils la pouvoient trouver, aussi bien que la vieille maquerelle qui la leur avoit envoyée. Après avoir maudit toutes les putains de Paris, tout ce qu’ils purent faire fut de se faire promptement guérir par un chirurgien nommé Le Roux, qui leur donna des drogues qui les guérit en apparence sans aller en Suède.

Quelque tems après, comme la santé de ces religieux étoit rétablie, il leur prit envie de revoir des femmes, mais non pas des coureuses. Le père Richard fit connoissance avec une jeune fille qu’il confessoit, qui étoit la fille d’un marchand de bois, enjouée et jolie au dernier point ; et comme elle ne demandoit que la compagnie des mâles, elle reçut avec plaisir la proposition que son confesseur lui fit, qui étoit de venir quelquefois voir les révérends pères jésuites dans