jouer mieux son jeu, elle affecta d’être fort
tendre, et en vouloir venir jusqu’à la conclusion,
ce qui ravit le père qui se félicitoit
d’avoir si promptement réussi dans son entreprise
amoureuse. Après plusieurs légères
faveurs qu’elle lui donna, elle lui dit : Mon
père, mettons-nous au lit, le plaisir en sera
plus grand. Ce qu’il fit en diligence ; après
avoir bien fermé la porte et se croyant en
sûreté, il tira sa robe et toutes ses hardes.
Les brouettiers qui s’étoient cachés, le voyant
en chemise, le prirent l’un par les bras,
l’autre par les pieds, et le fessèrent d’une
si terrible façon qu’il en cria : au meurtre,
on m’assassine ! Jamais les fesses d’un jésuite
ne furent si bien étrillées que les siennes,
et le médecin et sa femme, qui s’étouffoient
de rire pendant cette belle scène,
n’eurent de leur vie tant de plaisir.
Le pauvre père Le Comte, qui avoit fait tout son possible pour se défendre, se rhabilla tout honteux en pestant et maudissant celle qui lui avoit joué un si méchant tour, l’assurant qu’elle n’auroit jamais de part en paradis, et qu’il feroit tous ses efforts envers saint Ignace pour lui en faire fermer la porte. Cela ne toucha pas beaucoup la dame ; au contraire, elle se divertit avec son mari des menaces du religieux, qui s’en retourna à son couvent fort triste, dissimulant à tous ses frères son infortune.
Le soir, s’étant retiré dans sa chambre de