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EN BELLE HUMEUR


mais je ne connoissois pas encore mille petites choses que vous m’apprenez.

Quand le bon religieux eut entretenu sa disciple sur un bon nombre d’autres questions, il la quitta jusques au lendemain et fut de là à la maison du sieur de Bretonville baigneur, qui demeure sur le rockin proche de la Bourse, où il se fit laver la peau fort proprement et la frotter d’odeurs fort odoriférantes, et tout cela dans la vue que sa belle Turque de qui il avoit gagné le cœur à force de l’instruire et de la caresser, l’aimât, ne tenant pas pour une chose indifférente la tendresse d’une si aimable fille. À quoi le rusé père réussit très-bien ; car la pauvre Turque ne pouvoit vivre un moment sans son révérend père, à qui elle confessoit souvent tous ses péchés. Mais je laisse à penser l’absolution favorable qu’il lui donnoit, et combien il étoit libéral de ses indulgences.

Le commerce amoureux qu’il eut avec cette fille dura assez longtemps ; mais comme l’on se lasse d’aimer toujours un même objet, et que l’amour devient languissant avec le tems, le père Le Comte passa à d’autres amours qui lui parurent plus vives et plus engageantes. Ce fut la femme d’un fameux médecin, qui étoit à la vérité une merveille pour les charmes qu’elle possédoit ; mais comme cette belle n’étoit pas fort sensible à l’amour sanctifié, il n’en fut pas fort