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LES JÉSUITES


le peut souhaiter, pour en faire une maîtresse. Cette fille avoit une grande envie de se faire catholique et d’être baptisée ; c’est pourquoi elle alloit tous les jours trouver ce jésuite au rendez-vous qu’il lui donnoit. Elle fut enfin baptisée de sa main bénie, et prit le nom de Geneviève-Clotilde. Ensuite il lui donna toutes les instructions propres pour en faire une bonne romaine, sans oublier les prétentions qu’il avoit sur elle. L’accord étant fait et signé du sceau de l’amour, la Turque ne songea plus qu’à remplir ses devoirs, qui étoient de bien prier Dieu et la sainte Vierge, d’avoir une entière confiance aux saints, et de l’aimer tendrement par dessus toutes choses, ce que cette fille fit de la manière qu’il souhaitoit. Aussi le bon père attendri lui promit beaucoup d’indulgences, et le paradis pardessus le marché ; mais cette Turque lui dit en l’interrompant : Mon père, que vous êtes heureux de donner le ciel aux personnes que vous voulez ; car en Turquie, la loi de Mahomet ne fait espérer le paradis qu’après la mort, où l’on reconnoit si l’on est damné ou non, quand la terre qui est sur les corps que l’on élève en bosse, ne s’abat point, et que l’ange blanc du prophète soutient toujours ; et quand elle s’abat, il n’y a point de doute que les âmes ne soient en enfer, et que l’ange noir infernal ne soit venu ouvrir le tombeau. — Voilà une étrange doctrine, ma sœur, ré-