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EN BELLE HUMEUR


et la mena à la maison de son père, qui résolut sur-le-champ qu’elle seroit mise aux Magdelonnettes pour toute sa vie.

Les mères de Saint-Denis qui sont établies dans ce couvent pour corriger les débauchées, et qui sont de vieilles femmes d’une austérité très-grande, lui ordonnèrent d’abord une sévère pénitence ; ensuite elle fut rasée jusques aux sourcils, suivant l’ordre établi par la Magdelaine qui reçut sa grâce entière pour ses péchés, après quoi elle se rasa tous les cheveux de son corps en reconnoissance. Notre belle marquise qui se voyoit aux Magdelonnettes étoit accablée de honte et d’un chagrin sombre et fâcheux qui lui faisoit regretter sa chère liberté qu’elle avoit perdue si malheureusement, et quand elle voyoit venir à elle les mères de Saint-Denis avec leurs grands voiles noirs, qui lui faisoient tous les jours un sermon sur ses galanteries, elle faisoit en les voyant un nombre infini de signes de croix, les prenant, comme a dit une de ces saintes mères aux amis de la dame, pour des diables qu’on veut exorciser ; et ces bonnes religieuses voyant sa rebellion, la menaçoient souvent qu’elle n’auroit aucune de leurs indulgences de leur part, mais qu’elles les renvoyeroient plutôt à Rome dans les coffres du Saint Père, de qui l’autorité papale étoit à redouter, puisque l’on ne pouvoit entrer en paradis sans sa permission.