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LES JÉSUITES


dans l’humeur qu’il étoit, son amour ne pouvant souffrir dans ce moment de rival, ni de partage.

Enfin, après avoir attendu, l’époux sortit et donna loisir au bon père de conter son tourment à celle qui le faisoit naître, pendant que le marquis se promenoit dans sa salle à grands pas l’esprit rempli d’affaires politiques. Un valet de chambre qui l’aimoit extrêmement, et à qui il confioit presque tous ses secrets, lui vint dire en confidence qu’un jésuite de la maison professe de Paris prenoit grand soin de sa femme, et qu’il la confessoit souvent. — Quoi ! Chambrun, s’écria-t-il en se frottant le front, sans que je le sache ? — Oui, monsieur, repartit le valet fort chagrin ; mais n’en dites rien à madame, vous prendrez le drôle sur le fait. — Morbleu ! que dis-tu, mon ami ? répondit le marquis en faisant deux pas en arrière ; je suis donc cocu sans le savoir ? Mais il faut s’éclaircir sur-le-champ d’une chose qui me touche de si près. — Gardez-vous-en bien, monsieur, répliqua Chambrun, l’affaire est délicate ; faites seulement semblant d’aller souper chez un de vos amis, et je vous avertirai à tems. Ce que le marquis fit adroitement, l’ayant dit à son épouse, qui avoit fait cacher son jésuite sous le lit.

La dame se croyant fort en liberté et délivrée de la présence d’un mari qui est toujours incommode aux jolies femmes, fit mettre ce ga-