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LES JÉSUITES


encore plus grand magicien que je ne suis ; combien je ferois de larcins amoureux et autres choses qui feroient ma fortune en moins d’un rien. Ah ! ne perdons point de tems, ma charmante, souffrez que je mette ma magie noire avec votre blanche. — Hélas ! mon père, vous n’y songez pas, répliqua-t-elle en se retirant, voilà des termes qui font trembler. — Allons, allons, sans façon, vous n’êtes qu’une innocente ; touchez ma magie noire, dit le jésuite avec un transport passionné. — Je n’ose, mon père, approcher de vous après tout ce que vous m’avez dit, reprit la dame en se reculant encore. — Que vous faites l’enfant, madame, venez, venez, dit le religieux en découvrant les beautés de son art magique, ne voyez-vous pas que mon amour se morfond ? — Il est vrai, mon cher cœur, répondit la belle en se jetant sur lui, donnons-lui une couverture ; mais surtout ne m’ensorcelez pas. — Croyez, mon ange, reprit le père Bourdaloue avec chaleur, que je pousserai ma science aussi loin que je pourrai, sans me mettre en peine du reste. — Ah ! mon père, dit la dame d’une voix presque manquée, qu’elle est ravissante cette magie ; faites-la-moi toucher souvent. — Le plus souvent qu’il me sera possible, madame ; repartit le jésuite un peu hors d’haleine, mais ne faites point une autre fois tant de grimaces, elles ne sont plus de saison après ce qui s’est passé entre nous. —