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EN BELLE HUMEUR


à leur service ; mais ils n’en sont jamais venus à bout. — Eh ! pourquoi cela, mon père ? repartit la marquise en riant. — Je n’en sais rien, ma chère, dit le jésuite en souriant aussi. — C’est, peut-être, mon cher père, reprit la belle en l’embrassant, que vous avez plus d’esprit dans votre société que les autres avec qui ces esprits n’ont point de sympathie, n’ayant rien de matériel. — Cela pourroit bien être, ma reine, repartit le père, qui commençoit à s’échauffer ; si l’amour que je sens pour vous étoit tout esprit, je serois plus heureux que je ne suis, mais… — Je ne sais, mon révérend père, interrompit la marquise tout à coup, depuis que vous m’avez parlé de lutins, je suis toute épouvantée. Ne vous êtes-vous point servi de magie pour me charmer comme je suis ? car il faut avouer que je vous aime jusqu’à la folie. — Le beau compliment que vous me faites, madame, repartit le religieux en plaisantant ; vous me prenez donc pour un sorcier qui enchante les personnes ? — Non, mon père, répondit-elle en rougissant ; mais comme vous traitez tout ce que je vous dit du maréchal de Luxembourg de bagatelle, je ne crois pas vous offenser quand je vous demanderai si vous savez la magie. — Oui, oui, ma divine, s’écria le père, en lui dérobant quelques faveurs, je sais la magie admirablement bien, et je voudrois être