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EN BELLE HUMEUR


main j’en ferai la revue générale. — Je gage à coup sûr, dit le père gardien en le regardant et lui serrant la main, que vous aurez cette nuit quelque nouvelle aventure qui nous divertira demain. — Bon, mon père, répondit le père Bourdaloue d’une manière agréable, vous croyez que tout le monde vous ressemble, et que l’on est aussi coquet que vous, qui vous trouvez en rendez-vous nocturne avec trois beautés à la fois. Comment les pouvez-vous servir, et à qui donnez-vous la pomme la première ? Ah ! sans mentir, il faut que vous ayez le cœur bien fort. — Ne me parlez pas de mes coquetteries, interrompit le père gardien froidement, cela vous sied très-mal, vous qui êtes le plus dissipé de tous les hommes, et qui avez toujours le cœur piqué de quelque trait dangereux qui vous blesse. Adieu, je vous laisse.

Nos révérends pères se quittèrent de la sorte en se raillant et plaisantant, et furent après qu’ils eurent dîné au collége royal trouver le père recteur pour lui conférer quelques affaires touchant un jeune homme de la première qualité qui vouloit se faire jésuite. Le père recteur, après avoir écouté leurs raisons et appuyé leurs pensées, parce que le cavalier avoit du bien, de l’esprit, de la flatterie et de la finesse, leur dit de bonne foi en les menant dans le jardin faire un tour, qu’une demoiselle huguenotte avoit grand’envie de lui parler, mais qu’il ne sa-