fort confus, qui étoit à côté de lui, le tira
doucement par sa robe, à quoi il répondit
tout honteux en reconnoissant sa faute : Je
me suis mépris, et je vous demande excuse,
messieurs ; je voulois dire que le saint
homme d’où je tire mon sermon, ne pouvoit
souffrir la présence des impies, soutenant
que c’étoient des monstres qui occupoient
la terre indignement, et qu’un jour
ils seront précipités au fond des abîmes
éternels, où il n’y a point d’appel, et où ils
auront loisir de railler l’innocence de leurs
frères qui péchent fort souvent par ignorance
ou par manque de mémoire. Faisons-nous,
messieurs, une sainte application de
la vie religieuse de ce grand saint, et disons
avec lui que bienheureux sont ceux
qui travaillent à leur salut jour et nuit
avec crainte et frayeur, aspirant incessamment
à la gloire des esprits sanctifiés,
Amen.
Le sermon étant fini, chacun sortit de l’église en riant et plaisantant comme l’on auroit fait dans un opéra, et l’on ne pouvoit s’empêcher de parler des beaux ravissemens du père Bourdaloue qui avoit été élevé jusqu’au ciel empyrée des amans, et qui avoit goûté dans son sermon des joies inexprimables, et qui méritoient d’être écrites au livre des bienheureuses intelligences. Quelques-uns des ennemis du père, le dirent malicieusement le jour suivant au père gardien qui