Page:Les Jésuites de la maison professe de Paris en belle humeur, 1874.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
LES JÉSUITES


sant et tendre qu’elle ne seroit pas fâchée de le connoître à fond, la jeta sur un petit lit, où il lui en montra toutes les merveilles. Ninon en parut très-contente, et le religieux l’ayant instruite du nom de toutes choses, et de tout ce qu’elle devoit faire et dire quand elle seroit mariée par un des moines de Saint-Denis, il la quitta après l’avoir serrée tendrement dans ses bras, et l’avoir assurée que ses péchés lui seroient toujours pardonnes, pourvu qu’elle l’aimât fidèlement, et qu’elle lui donnât quelque petit rafraîchissement de tems en tems. — Mais, mon père, interrompit la demoiselle en l’arrêtant, croyez-vous que j’oserai, étant mariée, vous voir et vous donner ce que vous me demandez ? — Oui, mon petit ange, répliqua le père en souriant, que craignez-vous ? d’offenser le front de votre époux ? Bon, c’est une bagatelle, ajouta-t-il fort sérieusement : les femmes de notre siècle ne sont plus si simples que de se conserver entièrement pour leurs maris. — Je le veux bien, répondit la demoiselle en éclatant de rire, adieu, nous songerons aux moyens de nous voir.

Le père De la Rue, ayant remercié sa sœur de la complaisance qu’elle avoit pour lui, s’en retourna chez lui le plus content du monde, repassant dans son esprit les douceurs qu’il avoit goûtées avec sa pénitente, à qui il avoit donné, comme vous le voyez,