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LES JÉSUITES


maman en entrant. — Morbleu, mon fils, il faut donc que ce soit un religieux, qui soit couché avec ta mère. Madame la putain, vous le payerez avant qu’il soit une demi-heure.

Ces mots dits, le marchand s’arme d’un pistolet et d’un poignard, et va trouver sa femme qui étoit un peu endormie avec son jésuite entre ses bras, et qui n’avoit fermé la porte qu’à demi. L’ayant trouvée en cette posture, il lui déchargea son pistolet dans la tête, et de l’autre main il passa le poignard qu’il avoit pris au travers du corps du jésuite. Le père Violette, se sentant frappé sensiblement, saute du lit et crie au meurtre ; le marchand qui ne savoit pas encore qui il étoit, retourne à la charge, et lui dit d’un ton de furie : Scélérat, infâme ! il faut que je t’achève. Il alloit encore lui donner un autre coup qui eût été peut-être celui de sa mort, s’il n’avoit demandé la vie, et confessé qu’il étoit un jésuite de la maison professe de Paris, et qu’il lui demandoit pardon de l’avoir offensé en commettant adultère avec sa femme, qu’il avoit débauchée quand même elle n’y songeoit pas. Le marchand qui fut touché de compassion, et qui voyoit son infidèle épouse morte, un religieux blessé mortellement, et tout cela sans témoins qu’un petit enfant, s’avisa de faire un accord avec le bon père, lui promettant de le faire guérir doucement, pourvu qu’il n’en parlât point à la sainte société,