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EN BELLE HUMEUR


faite, ayant cru prendre le bras de ce père. Elle repartit fièrement en rougissant : Mon père, le péril est passé, nous n’avons plus besoin de vos prières ; et dès ce moment elle changea de place, et s’éloigna de lui.

Le religieux, voyant que la belle ne vouloit point l’écouter ni prendre sa doctrine, reprit aussitôt ses matines. Étant arrivé au lieu où il vouloit aller, il trouva dans l’auberge, où il séjourna quelque tems, une femme de joie qui le dédommagea de la perte qu’il avoit faite, et qui le pria de la venir voir souvent, pendant que son mari, qui étoit un marchand de vin, seroit en voyage ; ce qu’il fit, aimant fort les plaisirs de Vénus.

Mais, comme un soir il étoit couché avec la drôlesse, et qu’il n’attendoit point du tout le mari, celui-ci arriva par malheur, et l’ayant appris par un enfant qui vint dire au travers de la porte : Ma mère, songez à vos affaires, papa est à la maison, où il se gratte bien le front, les galans crurent que l’enfant se jouoit en disant ces paroles, et continuèrent leurs caresses. Le marchand de vin demanda aussitôt au petit garçon où étoit sa mère. Cet enfant répondit bonnement qu’elle étoit couchée avec un homme qui avoit une robe noire. — Comment, mon fils, lui dit ce père comme étonné, et qui est cet homme ? — Je ne sais, papa, repartit le petit garçon, j’ai seulement remarqué qu’il avoit un grand chapelet à son côté, et qu’il avoit bien baisé