péré, en tirant incessamment une clochette
pour les faire venir. — Nous n’en savons
rien, répliquèrent-ils tous ensemble ; votre
femme paraît assez coquette pour s’être fait
enlever par quelque bon frère qui la divertira
mieux que vous. Le cordonnier ne savoit
que répondre à toutes les raisons qu’on
lui donnoit, et s’étant vu menacer de ces
pères qui lui dirent qu’ils l’excommunieroient
s’il ne se retireroit, le bonhomme
s’en retourna chez lui, n’ayant aucune connoissance
de sa femme, et n’osant accuser
ces saints pères de rien de criminel.
Les choses se passèrent de la sorte en paix et dans le silence. Les pères César et La Chaise, à qui cette idée meurtrière revenoit souvent dans l’esprit, trouvèrent à propos, pour en expier le péché, de se donner une discipline rigoureuse, qui étoit de châtier sévèrement la partie la plus vicieuse de l’homme, à l’imitation d’un célèbre évêque qui, ayant commis un crime incestueux par ses sollicitations charnelles, la fit couper. Tout le couvent approuva la pénitence de ces deux pères, qui se mortifièrent longtems le corps et particulièrement cette partie fragile que l’on affama, afin de la mettre à son devoir. Ensuite ces religieux tirèrent plus d’un mois de l’eau dans des corbeilles qui ne s’emplissoient jamais.
Ces petites mortifications étant achevées, le père César, qui est fort éloquent, porta la